Jeu de Paume

Soulèvements est une exposition transdisciplinaire du commissaire Georges Didi-Huberman, sur le thème des désordres sociaux, agitations politiques, insurrections, révoltes, révolutions, émeutes, et bouleversements en tous genres. Ce thème constituait pour le Jeu de Paume une opportunité de faire découvrir son lieu d’exposition à un public plus large que ses visiteurs habituels.

Mais comment attirer le grand public face aux « blockbusters » du moment, l’exposition Hergé au Grand Palais et Matisse au Centre Pompidou ?

« CEUX QUI SE SOULÈVENT LE FONT ENSEMBLE. »

Comme le souligne Judith Butler dans le catalogue de l’exposition, le soulèvement est toujours une aventure collective.

Nous avons conçu le dispositif de communication comme un appel au soulèvement général qui sort des murs du musée.

L’ampleur du dispositif impliquait d’imaginer une identité forte qui puisse vivre de façon cohérente sur tous les supports de communication. Nous avons construit cette identité à partir du sens le plus universel donné au titre de l’exposition : le soulèvement comme révolte et insurrection, que l’on a choisi d’illustrer avec plusieurs éléments.

D’abord par le choix d’une couleur vive et unique, le rouge, qui peut à la fois évoquer la joie, le désir, la passion, mais aussi le conflit, le pouvoir ou la violence, autant de thèmes abordés dans l’exposition. Ensuite, par la création d’un logotype d’exposition qui détourne une typographie, la Replica Pro, choisie notamment pour ses lettres bâtons à la fois élégantes et impactantes et leur découpe particulière au niveau des pointes. Au sein de ce logo typographique, deux lettres sortent du rang, comme des insurgées, laissant ainsi apparaître le V de la victoire qui se soulève au-dessus d’une foule. L’interlettrage a également été retravaillé pour être aussi bien lisible sur un site web, sur une affiche 4×3 dans le métro ou une pancarte de manifestation.

Nous avons réalisé les affiches de l’exposition en différents formats et avec différentes œuvres, ainsi que les invitations. Nous avons également imaginé un tract aux allures révolutionnaires à distribuer dans la rue, et une planche de stickers de citations distribuée aux visiteurs pour faire circuler les mots de l’exposition en dehors des cimaises et du catalogue.

La bande annonce avait vocation à être diffusée à la fois sur les réseaux sociaux et dans l’ensemble des salles MK2 de Paris. Nous avons choisi d’utiliser l’une des œuvres vidéo emblématiques de l’exposition — Milk de Jack Goldstein — pour rythmer un crescendo de mouvements de foules. Alors que l’artiste tape de plus en plus fort du poing sur la table, la foule se fait plus grande et révoltée. Les mains en l’air deviennent des bras poussant des barricades, portant des pancartes, puis des visages en lutte et des corps en mouvement, sur une musique entêtante de Nils Frahms qui souligne l’urgence et la force de ces soulèvements.

Le site donne à voir une sélection d'œuvres de l’exposition, commentées de manière textuelle et sonore, un grand nombre de ressources documentaires dont un cours interactif pour les enseignants, un agenda et des informations pratiques. Basé sur un CMS Wordpress, la totalité de ses contenus est éditable afin de permettre au Jeu de Paume de faire ensuite voyager l’exposition dans le monde, en modifiant les œuvres comme les langues. 

Grâce à un partenariat avec une vingtaine d’institutions culturelles (du Musée du Louvre au MAC VAL en passant par le Théâtre des Amandiers), le site complète l‘exposition avec des œuvres et documents issus de collections extérieures sur le thème des soulèvements, dans une cartographie spatiale et historique.

Nous avons également proposé de dédier une section particulière du site au travail de la journaliste Marie Lechner sur les résistances numériques, afin d’enrichir l’exposition des formes de soulèvements qui existent dans la culture digitale.

Dans la même optique, nous avons dédié une rubrique à la vision du public, en partant du principe que tout le monde possédait au moins une photo de soulèvement dans son téléphone. À l’aide du hashtag #soulevements, les visiteurs de l’exposition furent ainsi incités à partager leur vision de ce thème sur Instagram. Les images les plus remarquables ont été diffusées sur une page dédiée du site et projetées dans le hall du bâtiment.