Jeu de Paume
Pour attirer un large public aux expositions du Jeu de Paume, nous avons créé des bandes annonces où le son dialogue avec l’image.
Enjeu
Le Jeu de Paume propose une programmation pointue et exigeante, présentant le travail d’artistes et de photographes parfois méconnus des non-initiés. Son ambition est pourtant de toucher un large public, avec la conviction que l’image est un vecteur universel. Comment transmettre à la fois les dimensions conceptuelles et instinctives des expositions du Jeu de Paume, pour des publics experts de l’art comme pour des amateurs ?
Solution
Nous avons cherché à incarner les thématiques des expositions de manière didactique, dans des narrations visuelles et sonores. Les expositions du Jeu de Paume ont souvent un titre, une thématique ou un chapitrage qui aident à créer du sens entre les œuvres présentées et à mieux saisir le propos d’un artiste, ses questionnements et son processus de création.
Mise en oeuvre
Nous avons réalisé toutes les bandes annonces des expositions du musée depuis 2017. Ces teasers sont diffusés sur les réseaux sociaux et sur le site du musée, et régulièrement sur France TV et dans les cinémas parisiens MK2. En assumant des montages minimalistes qui n’utilisent que très peu d’effets ou de mouvements, les bandes annonces se concentrent sur le choix des œuvres, leur ordre et le rythme, afin de créer une histoire. Par ailleurs, une attention particulière est apportée à l’affinité entre la bande son et l’univers de l’exposition, avec des choix éclectiques, qui vont de Joy Division à Nils Frahm, en passant par la scène électronique française.
Marie Losier
En une vingtaine de courts-métrages et deux longs-métrages, la cinéaste indépendante Marie Losier a fait jaillir l’underground des sous-sols pour l’amener sur les toits New Yorkais, les plages du Portugal et les rings de Mexico. En 16 millimètres, en couleurs et en musique, son œuvre chatoyante est une fontaine de jouvence à la fois drôle et poignante. Nous avons remixé les images des différents films projetés lors de cette retrospective au rythme d'un morceau désuet tout droit sorti d'un film des années 50.
Luigi Ghirri
Cette première rétrospective des photographies de Luigi Ghirri hors de son Italie natale est centrée sur les années 1970, une décennie au cours de laquelle Ghirri a bâti un corpus d’images en couleur sans équivalent. Ces photographies défilent comme des photos de vacances, au rythme mélancolique d'un morceau de Darius.
Musique : Darius, Bright Side, 2017 © Roche Musique
Daniel Boudinet
Bien qu’il ait produit l’essentiel de son travail en noir et blanc, c’est dans le domaine de la couleur que, au long des années 1970 et 1980, Daniel Boudinet s’est montré le plus novateur. Ses séries nocturnes, d’une grande sobriété, affirment la primauté des choix esthétiques sur les potentialités techniques du médium photographique. Afin d'illustrer ce mouvement vers la chromie parfaitement résumé dans le titre de l'exposition "Le Temps de la Couleur", nous avons dévoilé ses images en les faisant passer du noir & blanc à la couleur, sur fond de Scarlatti.
Musique : Alessandro Scarlatti, La Folia, 1710
Gordon Matta-Clark
L'exposition Anarchitecte explorait l’importance du travail de l’artiste au regard d’une réévaluation de l’architecture après le modernisme. Gordon Matta-Clark n’a pas seulement déstabilisé les notions de module et de répétition chères à l’architecture moderniste, il a aussi pris acte de cette tendance croissante à interagir avec l’espace public que traduit la prolifération des graffitis. Répliquant à la tristesse de l’expansion urbaine, le graffiti devient le moyen par lequel la jeunesse de tous les pays exprime sa rébellion contre le conformisme et, en fin de compte, contre l’autorité de l’architecte. Nous avons utilisé un morceau de rock alternatif pour rythmer les différentes interventions de l'artiste, illustrer le processus plutôt que son résultat, et finalement révéler l'anarchiste derrière l'artiste.
Musique : Bench Kids, You started it, 2015
Susan Meiselas
Membre de Magnum Photos depuis 1976, Susan Meiselas questionne la pratique documentaire. Elle s’est fait connaître par ses images sur les zones de conflit en Amérique centrale dans les années 1970 et 1980, notamment grâce à la force de ses photographies couleur.
Couvrant de nombreux sujets et pays, de la guerre aux questions des droits humains, de l’identité culturelle à l’industrie du sexe, ses images racontent des histoires. La bande annonce commence par une interview dans laquelle elle parle de sa pratique photographique, avant de faire défiler les images, au rythme entêtant du deuxième mouvement de Glassworks, qui enchaîne des arpèges ascendants rapides et entêtants.
Musique : Philip Glass, Floe, 1982
Albert Renger-Patzsch
Auteur d’une œuvre monumentale, qui se déploie sur plus de quatre décennies, Albert Renger-Patzsch fut le photographe le plus important au sein du mouvement artistique de la Nouvelle Objectivité, dans l’Allemagne des années 1920. Il contribue à élargir l’horizon de la perception et de la création de l’image, créant une œuvre prolifique à la fois d’une extrême simplicité et d’une grande originalité. Pour évoquer cette dimension avant gardiste, nous avons utilisé une oeuvre musicale de Cluster, un groupe allemand formé en 1971 par Hans-Joachim Roedelius et Dieter Moebius, qui deviendra une figure importante du genre expérimental Klautrock, posant les bases de ce qui deviendra la musique éléctronique.
Musique : Cluster, Umleitung, 1976
Eli Lotar
Pour l’exposition Eli Lotar, nous avons créé des rapprochements visuels entre ses photographies autour d’une création sonore du groupe Idioma. L’exposition examine, sous un jour nouveau, le rôle de cet acteur crucial de la modernité photographique à travers un parcours thématique, de la « Nouvelle Vision » au cinéma documentaire, en passant par ses paysages urbains, industriels ou maritimes. L’accent a été mis sur le dialogue entre les images et la musique qui fut adaptée pour l'occasion.
Musique : Idioma, Tumbleweed, 2012
Ed Van Der Elsken
Pour l’exposition d'Ed Van Der Elsken, c’est La Vie Folle à laquelle nous avons voulu donner corps. Pour faire ressentir le lien entre la vie et les œuvres de l’artiste, nous avons travaillé à partir d’une vidéo du photographe parlant de son travail, mais pas dans son studio, pas dans une galerie : en train de conduire un pick-up sur une route de campagne, les cheveux au vent. Nous avons choisi le morceau culte Transmission de Joy Division pour accompagner ce film, afin d’incarner l’élan de rébellion et de subversion qui traverse cette exposition.
Musique : Joy Division, Transmission, 1979 © Factory Records
Ismail Bahri
Pour l’exposition d’Ismail Bahri, c’est le titre Instruments qui a guidé nos recherches. Nous avons souhaité illustrer le fait que cet artiste utilise des objets du quotidien, comme un fil ou du papier journal, pour créer des tempos, des rythmes, des partitions, des mélodies visuelles et poétiques. Cela nous a conduit à créer des correspondances entre ce qui se produit dans ses vidéos et les notes dissonantes d’un piano.
Musique : Orbit Over Luna, In the Decay of Shadows, 2013
Peter Campus
L’exposition Video Ergo Sum met en exergue l’aspect volontairement narcissique du travail de peter campus autour de la quête de soi. Nous avons créé une bande annonce qui met l’emphase sur la répétition quasi obsessionnelle de la représentation de peter campus dans ses vidéos, et joue sur la répétition du titre de l’exposition – video ergo sum – pour souligner la façon dont les oeuvres de l’artiste interrogent le rapport à son ego et à sa propre image.
Musique : Mountain Range, Bears (Grizzly Remix), 2012
Client
Jeu de Paume
Date
Depuis 2017
Type
Film
Faits marquants
50 000 vues organiques en moyenne
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